L'Hyper-sexualisation des jeunes filles
Nous abordions la question dans notre article du 21 février 2012 avec la remise par Jacques HINTZY, président d’UNICEF France, à Roselyne Bachelot, ministère des solidarités et de la cohésion sociale, de la Charte sur la ‘Protection de l’enfant dans les médias’.
La sénatrice UMP Chantal Jouanno a remis ce lundi 5 mars un rapport sur l'hyper-sexualisation des jeunes filles. L'"hyper-sexualisation" des enfants est un phénomène encore marginal en France mais qui inquièteles parents. Voilàles conclusions d'un rapport qui propose une série de mesures, comme l'interdiction de la promotion d'images sexualisées des enfants. L'"hyper-sexualisation" des enfants, et notamment des fillettes, renvoie "à la sexualisation de leurs expressions, postures ou codes vestimentaires, jugés trop précoces", explique le rapport de Chantal Jouanno, chargée par la ministre Roselyne Bachelot de réfléchir au phénomène et aux moyens de l'endiguer.
En effet, "la société dans son ensemble est hyper-sexualisée, dès le plus jeune âge on voit apparaître des stéréotypes très clivés garçons-filles. « Il y a de plus une puissancedu marketing colossale pour rompre la barrière des âges et inciter à adopter des comportements d'adolescents", poursuit-elle. Elle fait donc une série de recommandations, et suggère par exemple d'interdire qu'un enfant puisse être l'égérie d'une marque avant l'âge de 16 ans. "Symboliquement, je propose aussi d''interdire les concours de mini-miss",dit-elle.
Alors l’'hyper-sexualisation c'esrt nouveau ?
Selon Richard Poulin, professeur de sociologie à l'Université d'Ottawa, et l'auteur de Sexualisation précoce et pornographie (2009), c'est un phénomène plutôt récent.
Alors que dans les années 1970, il soufflait un vent nouveau sur l'égalité sexuelle, avec la montée en puissancedes mouvements féministes et le développement de la mode unisexe, nous sommes selon lui maintenant en période de régression, puisque la femme et lesjeunes filles ressentent l'obligation d'être sexualisées pour plaire. Ces nouvelles normes corporelles apparuesdes années 1990 nous viennent directement de l'industrie pornographique.
L’Université du Québec à Montréal a été la première à lancer en 2009 un programme intitulé : « Outiller les jeunes face à l'hyper-sexualisation», avec des sites Internet, des ateliers…
L’idée est de sensibiliser l’opinion à l’érotisation trop précoce des filles et proposer des pistes d’action et de réflexion.
Roselyne Bachelot veut s’inspirer de cet exemple canadien pour créer un site d’information destiné à lutter contre ce phénomène, en France.
Le ministère de la Santé travaille lui aussi sur une charte semblable à celle élaborée en octobre 2010 pour améliorer l’image de la femme.
Il est tout d’abord important de sensibiliser les médias, mais aussi d’informer des parents parfois débordés par la pression de publicités mettant en scène des fillettes sexy à 10 ans.
La ministre se défend de toute ingérence dans la sphère familiale : « Nous ne sommes pas dans l’interdiction mais dans la pédagogie. Les petites filles constituent un nouveau marché.
Hélas, les marques reproduisent les stéréotypes féminins contre lesquels nous nous battons.»
Et c’est là tout le problème : il y a un gouffre entre l’apparence physique et la maturité réelle de ces fillettes hyper-sexualisées.